L’éco-anxiété, c’est quoi ce nouveau mal du siècle ?

Chaque année, la parution du rapport du GIEC sur l’évolution du climat et ses conséquences provoque son lot de questionnements, d’inquiétudes voire de panique chez de nombreux Français. Ce sentiment d’angoisse face aux problèmes environnementaux porte un nom : l’éco-anxiété. La notion n’est pas nouvelle – elle a été conceptualisée dès 1996 par Véronique Lapaige, médecin-chercheur en santé publique et en santé mentale – mais elle est à prendre très au sérieux car ses conséquences sur la santé mentale et physique peuvent être significatives.

« Les trois quarts des jeunes âgés de 16 à 25 ans jugent le futur « effrayant » »

Cette inquiétude est particulièrement prégnante chez les jeunes. Une étude récente, présentée dans la revue The Lancet Planetary Health et menée dans dix pays auprès de 10 000 personnes âgées de 16 à 25 ans et de dix pays, montre ainsi que 59% des jeunes déclarent être « très » ou « extrêmement » inquiets quant aux effets du changement climatique. Les trois quarts d’entre eux jugent le futur « effrayant » et 50 % se déclarent tristes, anxieux, en colère, démunis, voire coupables de la crise climatique.

Pour Véronique Lapaige, l’éco-anxiété est de plus en plus répandue car les preuves du changement climatique et de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement deviennent de plus en plus évidentes. Les jeunes sont aussi plus exposés à cette thématique, qui est très présente sur internet et les réseaux sociaux. Ils sont aussi plus nombreux à y partager leurs craintes et leur mal-être avec leurs amis ou même publiquement.

S’engager pour éviter de sombrer ?

L’éco-anxiété constitue un passage presque obligé lorsque l’on prend conscience de l’ampleur de la crise climatique. Le défi de la transition vers un monde plus soutenable peut alors sembler insurmontable. Pourtant, si elle est bien repérée et prise en compte cette éco-anxiété peut constituer une formidable force de changement en incitant les jeunes (et les moins jeunes) à adopter des comportements vertueux pour la planète, à s’engager, à faire des choix de carrière alignés avec leurs convictions.

Plusieurs études montrent que le meilleur rempart contre ces angoisses est d’engager les personnes soucieuses de cette réalité climatique dans une démarche positive et active pour faire face aux changements climatiques. A titre d’exemple, des chercheurs canadiens ont étudié 11 stratégies d’adaptation pour faire face à l’éco-anxiété en contexte éducatif. Parmi elles, encourager les élèves à participer à des projets d’éducation environnementale dont les répercussions immédiates, même à petite échelle, leur prouvent leur capacité d’action et leur permettent de se concentrer sur le présent, plus que sur le futur.

« Agir leur permet de prendre conscience qu’ils peuvent aussi participer au changement »

L’association Transonore, créée par la journaliste Laure Watrin, est en ce sens une initiative particulièrement intéressante. Elle propose aux jeunes de quartiers populaires à Paris et en Île-de-France de réaliser des podcasts. Cette activité leur permet de prendre conscience des enjeux auxquels nous faisons collectivement face, de donner du sens au monde qui les entoure et à devenir acteurs du changement en conciliant les dimensions écologiques, sociales et démocratiques. Concrètement, l’association organise avec ces jeunes des ateliers de reportage radio, encadrés par des professionnels pour investir leur territoire, découvrir par la pratique les métiers liés à la transition écologique et à l’économie sociale et solidaire. Certains jeunes sont par exemple partis en reportage dans un laboratoire de compost ou une ferme urbaine.  « De nombreux jeunes issus de quartiers populaires souffrent d’un manque d’estime de soi, ils sont aussi très angoissés par rapport à leur avenir et à celui de notre planète, explique Laure Watrin. Le reportage radio permet de travailler des compétences douces comme la confiance en soi, la gestion du stress, la communication, le sens du collectif. Agir leur permet de prendre conscience qu’ils peuvent eux aussi participer au changement. »

Produire des contenus de communication environnementale positifs peut aider à atténuer l’éco-anxiété en encourageant les comportements écologiques positifs et en construisant une communauté plus forte et plus unie autour des enjeux environnementaux. En adoptant une approche proactive et optimiste, nous pouvons inspirer l’espoir et l’action pour un avenir plus durable.

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